Kill your darlings
Cher Journal : en janvier, j'ai pédalé dans la semoule, mais ça commence enfin à ressembler à un gâteau.
Hey, comme on se retrouve.
Comme d’habitude, je ne sais pas vraiment comment commencer cette lettre. Pourtant, j’ai passé mon adolescence à démarrer des histoires. Les premières phrases, ça me connait. Elles me viennent assez naturellement, toquant à ma porte parfois bien avant le reste de l’histoire. Celle d’Absolu, par exemple, est arrivée dès février 2017 alors que je n’ai commencé l’écriture du premier jet qu’en janvier 2019. Mais là, je me retrouve bien démunie face à vous, peut-être presque autant que je l’ai été durant ce mois de janvier face à mon projet 🦋1.
Et pourtant, j’ai tenu à jour dès consciencieusement mon Journal de Bord :
Mon amie Clara et les nombreuses heures au téléphone ce mois-ci peut en témoigner : janvier a été un merveilleux mois de création chaotique.
Finalement, je sais par où commencer.
Ma fâcheuse tendance à retomber dans mes travers.
Un si joli petit cadre
Je ne sais pas si je vous l’ai déjà raconté, mais j’avais fait quelque chose d’assez amusant en démarrant la planification du premier tome d’Absolu. Je m’étais mise en tête que le roman ferait 3 actes, de chacun 15 chapitres, pour un joli compte de 45 chapitres. Pas plus, pas moins. Que c’était esthétique ! Agréable à regarder ! Propre comme tout ! Et absolument pas pratique, ahah.
Finalement, j’ai compris que ce joli petit cadre me freinait plus qu’autre chose et j’ai décidé de laisser le roman prendre la forme qu’il devait avoir pour mieux vivre. Résultat : un prologue, 48 chapitres et sept parties plus inégales les unes que les autres (et c’est bien mieux ainsi).
Ayant appris de mes erreurs, j’ai laissé le tome 2 et le tome 3 grandir selon la forme dont ils avaient besoin pour couvrir toutes les intrigues, tous les thèmes et tous les narrateurs. Et bien naturellement, j’ai laissé 🦋 faire de même, n’est-ce pas ?
Oupsi ?
S’éloigne en sifflotant.
Eh bien, malheureusement, non. J’ai commencé le mois avec les meilleures intentions du monde : j’ai cherché à complexifier mon antagoniste et la structure l’entourant pour prendre l’histoire et le conflit plus denses.
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Mais ça, on y reviendra plus tard. Le vrai problème reste encore à venir. Dès le 6 janvier, je me suis dit :
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Donc, je suis partie sur une structure imposée en 9 parties, chacune contenant 8 scènes précisément (soit 72 chapitres). Que c’était agréable ! Les quatre premières parties étaient si fluides à écrire (plus de 18 000 mots de jet 0 tout beau, tout propre, en une semaine). Jusqu’à ce que :
Comme je me connais un peu, j’ai associé ce blocage à de la fatigue. Après tout, je venais de pondre presque 20 000 mots de plan en une semaine ! Je venais de reprendre les déplacements pour les dédicaces, ce qui n’aidait pas. Du repos. Voilà, ce dont j’avais besoin. Mais aussi, de me forcer un peu, d’aller au bout de ce plan et de retravailler les failles plus tard.
Vous vous en doutez, ça n’a pas loupé.
Le 16 janvier, j’ai écrit plus de 800 mots d’autocritique dans mon Journal de Bord. J’ai souligné tout ce qui n’allait pas, tout ce qui m’agaçait, tout ce qui n’avait pas de sens, tout ce que je pouvais améliorer. J’ai d’ailleurs terminé ainsi :
Bref, aujourd’hui, je suis en désamour avec mon livre.
Pas une bonne journée pour créer, mais une bonne pour critiquer.
Extrait du Journal de Bord 2025 (01) 16
Ce qui résume assez bien mon état d’esprit.
Dès le lendemain, j’ai donc pris la décision de ne pas me forcer à travailler sur 🦋, mais de consacrer mes séances d’écriture à 🚀2. Pour ce projet de saga ado, je n’avais rien si ce n’est un début d’idée et les personnages principaux, donc ça a été un véritable plaisir et une bouffée d’air frais de travailler dessus.
Je suis donc revenue sur 🦋 quelques jours plus tard :
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Et c’est là que j’ai eu une idée un peu folle (vous pouvez d’ailleurs voir ma tête à la fois heureuse et déprimée dans mon petit vlog Instagram) : faire rentrer toute l’histoire en 24h chrono (en gros, concentrer toute l’intrigue ou presque sur un laps de temps très limité, un peu la manière du tome 2 d’Illuminae ou de Bullet Train).
Spoiler alert : ce n’était pas une bonne idée pour mon histoire, mais par contre, cette idée a enfin débloqué quelque chose chez moi.
Je devais voir mon histoire sous un autre angle.
Kill your darlings
Alors, non, je ne parle pas du tuer des personnages même si, pourquoi pas ahah.
Petit moment de définition :
L’expression “Kill your darlings” (ou “Tuez vos chéris” en français) est un conseil d’écriture qui signifie qu’un·e auteur·rice doit être prêt·e à supprimer des passages, des personnages, des idées ou des phrases qu’il·elle affectionne particulièrement si ceux-ci n’apportent rien d’essentiel à l’histoire.
En gros, même si vous avez passé du temps à faire une jolie planification de presque 20 000 mots dans un si joli petit cadre, avec des scènes cools, des dialogues géniaux et des personnages bien travaillés, vous devez être prêts à jeter tout ça si ça vous permet de clarifier et fluidifier l’intrigue.
Je vois ça comme de la pâte à modeler : la matière permet de construire des formes précises, mais aussi de les écrabouiller pour mieux les reconstruire.
Et en réalité, je n’ai pas trop de mal à faire ça.
Pour le tome 2 d’Absolu, j’ai démarré un premier jet de plus de 50 000 mots et un second jet de plus 40 000 mots, tous deux jeté à la poubelle dès qu’il m’est apparu que je ne prenais pas le roman dans le bon sens.
Et si l’idée de compresser l’intrigue en 24h n’était pas la bonne, même si j’y ai bien cru pendant quelques jours, elle m’a permis d’accepter que ma planification n’était pas la bonne pour raconter 🦋.
Un des vrais problèmes que j’ai ressenti vers la fin du mois de janvier a été le sentiment d’inutilité. En tout et pour tout, 40 000 mots ont été posés dans mon dossier Obsidian pour 🦋 (entre les différentes versions du plan, le Journal de Bord, les fiches personnages et univers…) et j’avais toujours l’impression d’avoir fait du sur-place, d’avoir pédalé dans la semoule si je veux en rire un peu.
Mon petit cerveau commençait doucement à déprimer de ne pas se voir avancer, alors, pendant deux jours, je me suis focus sur Les Mots Raturés Académie. J’ai remis au goût du jour certaines des plus anciennes pages de vente, j’ai relancé des profs, planifié des masterclass et des ateliers, préparé des emails… Bref, j’ai fait des tâches qui avaient pour qualité de pouvoir se finir dans la journée. Vous n’imaginez pas le bien que cela m’a fait de me sentir productive, même si ce n’était pas forcément des tâches urgentes.
Il aura donc fallu attendre l’avant-dernier jour du mois pour que je m’en rende véritablement compte :
Enfin, j'ai envie de me taper sur les doigts. Pourquoi ? Parce que j'ai reproduit la même erreur qu'avec le tome 1 : vouloir enfermer mon histoire dans une structure rigide (on se rappelle des 45 chapitres, 3 parties de 15 chapitres ahah) au lieu de la laisser grandir organiquement et de la structurer ensuite.
Peut-être que j'ai cherché à faire plus compliqué que cette histoire n'en a besoin.
Bref, on ne se refait pas.
Extrait du Journal de Bord 2025 (01) 30
Et c’est finalement au dernier jour du mois que j’ai enfin débloqué mon histoire :
1800 mots de brainstorming plus tard, j’avais une nouvelle version de 🦋 qui prenait en compte toutes les faiblesses des versions précédentes. J’ai appelé Clara qui a suivi, non sans mal, toutes mes itérations aujourd’hui pour lui en parler et je l’ai sentie cette fois franchement enthousiaste. Tout se lie, tout prend sens et les personnages acquièrent une nouvelle dimension.
Depuis, j’ai eu de nouvelles idées qui viennent compléter celle-ci, mais ça, on en reparle pour la lettre de fin février 👀
En bref, ma semoule a de plus en plus la tête d’un gâteau (et c’est tant mieux).
Je ne suis pas certaine de cette métaphore.
Petit bilan mensuel de mon Misogi
Je vous ai parlé de mon Misogi dans la première lettre de cette année :
Pour la faire courte, selon Wikipédia, c'est une pratique shintoïste japonaise de purification rituelle par le lavage du corps entier. Aujourd'hui, ce concept est repris et détourné en ce qui va définir l'année d'une personne.
À savoir : que voulez-vous vraiment réussir cette année ?
Pas mille résolutions. Une seule. Une que vous allez prioriser et réussir.
Extrait de la lettre : Ralentis
Mon Misogi étant : trouver du temps (et tant qu’à faire, l’employer à la création).
Déjà, je peux vous dire que mon utilisation d’Opal (l’application qui me permet de limiter vraiment mon temps d’écran) a été un franc succès :
Je tournais plutôt autour de 4-5h d’écran par jour et, comme vous pouvez le constater, j’ai diminué ce temps presque de moitié (ce qui me fera gagner 12 ans de vie hors écran par rapport à mes précédentes habitudes, si je maintiens ce rythme toute ma vie). Voici ce que j’ai implémenté en janvier :
Pas plus de 45 minutes d’Instagram, de YouTube et de Pinterest cumulées par jour sur mon téléphone (je regarde parfois mes messages Instagram sur mon ordinateur et YouTube sur ma télé le midi)
Accès à ces trois applications sur des créneaux horaires précis :
De 6h à 9h du matin (généralement, pas plus de 15 minutes)
De 12h à 14h (de même, 15 minutes)
De 18h à 21h (le temps restant)
Si vous avez envie de tester Opal, sachez qu’avec mon lien (ou mon code de référence : 6Y6JM), vous avez le droit à 30 jours d’essai gratuit, donc ça se prend pour implémenter de nouvelles habitudes 😊
Du coup, qu’ai-je fait de ce temps nouvellement acquis ? Eh bien, déjà, j’ai écrit en étant bien plus focus sur mon travail, mais aussi, j’ai lu 6 livres en janvier. Ma meilleure lecture fut d’ailleurs Nous de Christelle Dabos, qui a été incroyable de bout en bout ! Dans un autre genre, j’ai adoré découvrir le roman Robot Sauvage, adapté récemment en film d’animation par DreamWorks (que j’avais tant aimé). Si le livre et le film présentent des différences, ça n’a pas du tout gâché mon expérience de lecture.
Niveau activité physique, j’ai repris le badminton et la danse, mais aussi la course au moins une fois par semaine. Des séances entre 2 et 3km, ce qui est loin d’être très impressionnant, mais je suis déjà heureuse d’y trouver du plaisir, moi qui ai toujours détesté ça ahah.
D’ailleurs, en parlant de sport, je teste aujourd’hui (c’est-à-dire le jour où j’écris cette lettre, le 3 février) d’exploiter à fond mon bureau assis-debout (en gros, je peux choisir la hauteur de mon bureau) en alternant des phases de 30 minutes assise et 15 minutes debout. Ça ne perturbe pas plus que ça mon travail et ça me fait beaucoup de bien. Je vais essayer de l’implémenter un maximum durant ce mois de février !
On peut donc se dire que mon Misogi se porte pour le moment bien.
On se retrouve fin février / début mars pour la prochaine lettre ?
Si vous avez des questions auxquelles vous voulez que je réponde la prochaine fois, n’hésitez pas à laisser un commentaire.
Bises.
Tu as envie de me soutenir dans la création de mes romans (garantie found family et traumas) ? Ne buvant pas de café, mon inspiration carbure au matcha. J’en bois une fois par jour, deux quand j’écris un chapitre particulièrement traumatisant.
Donc, si tu veux financer tes futures larmes et mon addiction au matcha, j’en serais plus que reconnaissante. Mes personnages, eux, ne te remercieront pas par contre.
🦋 est un roman cyberpunk YA en cours d’écriture qui parle de vengeance, de justice et d’amitié féminine, avec un peu de romance.
🚀 est une saga de space-opéra ado en cours d’écriture.
Quel plaisir de te lire ma paupiette ! Je suis heureuse de voir que tu es sortie de cette première impasse, et j'ai hâte de lire Papillon <3
Ton style dans tes newsletters est si naturel, franchement tu donnes beaucoup de bons conseils en t'inspirant de ce qui te bloque et c'est à la fois intéressant et motivant ! Bon courage pour la suiymte de ta planification, ça a l'air corsé 😜