Le titre de projet 🦋 est...
Cher Journal : en février, j'ai enfin choisi le titre de mon prochain roman et ce n'était pas de la tarte
Ah ! Vous pensiez que j’allais vous le révéler comme ça sans faire durer un peu le suspens ? C’est mal me connaître !
Mais promis, je ne suis pas du genre à vous faire poireauter dans le vide pour dire de. Non, je vais plutôt employer cette lettre à vous raconter mon cheminement pour trouver le titre de mon projet 🦋 qui ne s’appelle ni “Papillon” ni “Projet Papillon” comme certains le supposaient ahah.
On y va ?
L’art du titre
Vous savez quoi ? J’adoreeee trouver des titres.
D’abord, je prends un grand soin à choisir les titres de mes chapitres que personne ne remarque jamais alors que c’est, en toute modestie, du grand art ahah. Je crois que ce travers me vient de mes lectures d’adolescente avec Tara Duncan ou Percy Jackson dont les titres étaient juste parfaits pour me mettre dans l’ambiance. Ceux d’Absolu sont certes bien moins drôles, mais je compte me rattraper le jour où j’écrirai une saga ado.
D’ailleurs, puisqu’on est dans la partie où je reste modeste, mes titres de chapitres préférés dans Absolu sont :
Ce qu’on laisse derrière soi (Tome 1 - Chapitre 2)
Par le feu (Tome 1 - Chapitre 15)
Quand vient la nuit (Tome 1 - Chapitre 18)
Ce qui brûle à l’intérieur (Tome 1 - Chapitre 42)
Un lieu de paix (Tome 2 - Chapitre 15)
Ceux qui ne sont jamais revenus (Tome 2 - Chapitre 21)
Une question de temps (Tome 2 - Chapitre 42)
À fleur de peau (Tome 2 - Chapitre 46)
Corps meurtri (Tome 3 - Chapitre 1)
Tant qu’il est encore temps (Tome 3 - Chapitre 10)
Une étoile dans la nuit (Tome 3 - Chapitre 19)
Et tout brûlera, même nous (Tome 3 - Chapitre 20)
Ce que font les vivants (Tome 3 - Chapitre 37)
Sachez que j’en ai éliminés pour que ce ne soit pas trop ennuyeux à lire pour vous.
On pourrait croire que j’aime les titres longs, mais en réalité 70 à 80% des titres de chapitres dans Absolu ne forment qu’un seul mot. J’adore les choisir pour qu’ils aient un double sens (qu’on pense le comprendre en lisant le début, puis, qu’à la fin du chapitre, on se rend compte que ça ne voulait pas du tout dire ça : oui, j’aime bien vous torturer sur des petites choses). Je m’amuse déjà beaucoup à choisir les titres des chapitres de 🦋, un vrai bonheur.
Ensuite, chaque partie de mes romans est également titrée. Chaque tome d’Absolu aussi. Chaque Accompli possède un nom qui lui est propre (l’Oppresseur, la Sirène, la Botaniste, etc.). Et la plupart des prénoms de mes personnages ne sont pas pris au hasard et ont un sens1.
J’adore me creuser la tête pour choisir un titre ou un nom ! Même pour ceux de mes ami·es auteur·ices. Je peux passer des heures à brainstormer sur leurs titres, parfois à leur grand malheur.2
D’ailleurs, petite précision, c’est souvent l’éditeur qui choisit le titre d’un livre, parce qu’en plus de sa portée artistique, il a une valeur commerciale. Mais personnellement, vous l’aurez compris, c’est un travail qui ne me gêne pas du tout et où mon éditrice me fait confiance.
Ce que j’aime dans les titres, c’est la capacité à faire passer une émotion, une ambiance, une thématique ou une information en quelques mots, comme un vers dans un poème. On peut travailler sa rythmique, le choisir percutant, languissant. Le titre (tout comme la couverture) est ce qui va attirer/intriguer ou non un lecteur en librairie. C’est lui qui peut directement indiquer le genre ou le lectorat visé.
Bref, j’aime les titres.
Sauf que voilà : trouver le titre de 🦋 s’est trouvée être une galère monstrueuse.
Brainstorm… brainstorm… brainburn
Avec Absolu, le titre m’est venu comme une évidence. Je travaillais sur le projet depuis quelques mois, il me fallait un titre et en moins de dix minutes, Absolu est apparu. Un seul petit mot qui réussissait à définir les véritables thèmes de la saga : le transhumanisme, la quête de pouvoir, la dictature et le cycle de la haine.
Quant aux titres des tomes, je n’en avais pas jusqu’à ce que mon éditrice chez Big Bang m’en demandent. Les Mobilisés et Les Effacés sont venus très vites, mais pour le troisième tome, j’ai d’abord proposé Les Insurgés avant de finalement opté pour Les Éveillés, qui avait bien plus de sens. Ces sous-titres sont pour le coup très efficaces pour évoquer le genre de la saga : la dystopie. Ils font écho à d’autres titres similaires : Les Fragmentés, Les Insoumis, Les Puissants, etc.
En fait, ce qui était facile avec Absolu, c’est qu’en combinant le titre et les sous-titres, je pouvais englober à la fois les thèmes et le genre sans trop de difficulté.
Mais voilà, 🦋 est un one-shot et je voulais éviter de devoir mettre un sous-titre. Donc, je devais trouver un seul et unique titre qui arriverait à englober le genre (science-fiction, cyberpunk), les thématiques (amitié, vengeance, quête d’identité, métamorphose) et le côté papillon (oui, je n’ai pas choisi cet emoji au hasard).
Et vous savez quoi ? Quand j’ai imaginé l’histoire, j’avais déjà un titre, et un bon.
Les Éphémères.
Oui, j’aime les titres en Les quelque chose.
Ce titre était parfait en bien des points : certes, il n’évoquait pas le côté cyberpunk, mais la structure pouvait convenir pour de la SF. On avait un pluriel, donc on sentait le groupe, l’amitié. On percevait aussi la notion de changement et d’identité. Il ne manquait que la vengeance, mais tant pis ! En plus, on avait le côté papillon et cerise sur le gâteau, il y a bien des Éphémères dans mon roman et c’est un peu le centre de l’intrigue. En plus, toutes mes bêta-lectrices l’ont validé !
Sauf que non. Le titre était déjà pris. Et pas qu’un peu.

Bref, au revoir Les Éphémères.
Je vous avoue que si ça m’a fait mal au début, j’ai vite compris que c’était la bonne solution3. Donc, me voici partie pour plusieurs mois de brainstorming. À chaque fois que j’avais une idée, je l’envoyais à mes bêta-lectrices ou j’en parlais à ma famille pour tester leurs réactions. Nous avons eu aussi une longue discussion sur les titres avec Siècle lors du salon du Touquet, notamment parce que j’avais une idée en tête : je voulais un titre plus long.
En même temps, après Absolu, tous les titres semblent longs, ahah.
J’avais quelques exemples de livres imaginaires (YA ou non d’ailleurs) qui avaient fait ce choix : Ceux qu’il nous faut retrouver, Le Gang des Prodiges, La Vie Invisible d’Addie Larrue, Le Livre de Perle, Les oubliés de l’Amas… Et pour le coup, pour un roman one-shot, ça faisait sens !
Je peux d’ailleurs vous montrer quelques-unes de mes idées (oui, il y a aussi des titres courts ahah) :
La Chrysalide : un vrai concept de mon roman
comme les Éphémères,snif, qui évoquait ainsi le côté papillon et le changement, mais rien sur la vengeance, sur l’amitié ou sur la SF (même si la couverture peut indiquer le genre et compenser).Tout ce qui ne nous tue pas : Malheureusement, on pense directement à un livre de développement personnel, next.
Pour déclencher la tempête : on retrouve le côté de l’effet papillon, de la vengeance, mais rien sur la SF et sur l’amitié. Quant à la notion de changement, elle ne semble pas interne.
Éphémère à jamais : j’étais clairement dans le déni avec ce titre.
L’Exuvie : j’ai longtemps hésité pour celui-là. C’est un synonyme de chrysalide et un concept dans mon roman aussi. Ça évoque donc les papillons et le changement, et l’orthographe du mot en Ex donne un petit côté science. J’ai dû abandonner l’idée quand j’ai compris que personne ne connaissait ce mot.
Il y avait aussi le nom de la ville-univers de mon roman, mais ça, je le garde encore un peu secret…
Et parmi toutes ces tentatives, une est sortie du lot. C’est donc en novembre, en plein salon du Touquet, que l’idée du titre de 🦋 m’est venue. Avec un “Et” devant qui faisait très littéraire. Avec mes proches qui me disaient qu’il ne renvoyait pas à de la SF. Avec tous les autres titres qui s’emmêlaient dans ma tête.
Je l’ai laissé de côté sans plus y penser.
Puis début février, j’ai retravaillé le scénario et la forme de 🦋 : quelle chronologie, quelle narration, quelle plume. Sur la pointe des pieds, le titre de novembre est alors revenu :
Ce titre, par essence, colorait le roman.
Je suis donc revenue à la charge avec et j’en ai parlé à des amies autrices, en le mettant en concurrence avec L’Exuvie. Pour le coup, le débat est allé très vite. Toutes préféraient mon titre en “Et…”, tout en s’accordant que je devais enlever le “Et” justement.4
Perdue, j’ai donc envoyé un mail à mon éditrice pour lui proposer les deux titres avec leurs avantages et leurs inconvénients. La réponse s’est faite sans attendre :
Hélène, mon éditrice, préférait aussi le titre long (sans le “Et”, ce qui le rend un peu moins long ahah).
Avant de vous le révéler, laissez-moi un peu vous l’expliquer.
Ce titre, à présent de taille moyenne, n’évoque pas frontalement un livre de cyberpunk YA (ce sera donc à la couverture de compenser ce point).
Par contre, il fait écho à l’effet papillon, appelé aussi la théorie du chaos : de très petits changements ou incidents qui peuvent avoir des conséquences énormes sur le long terme. Et pour le coup, en plus d’évoquer le papillon lui-même, c’est un thème majeur de 🦋.
Ensuite, il a une dimension de destruction (donc de changement et de métamorphose qui, cette fois, par la structure de la phrase, est autant interne qu’externe), de vengeance, de futur déjà écrit et de destin que l’on ne peut empêcher.
Enfin, on peut y déceler un élément de pluriel, d’une unité plus grande que le “je”, donc de l’amitié.
Ce titre n’est pas parfait, car il m’était impossible de réunir toutes les conditions pour évoquer le genre, le public visé et tous les thèmes. Mais quand je le lis, j’y ressens toute la puissance, la rage, la douleur et l’envie de changement de mes personnages. Je les vois, eux. Et je les entends m’en faire la promesse :

Du coup, je peux enfin vous le dire : j’ai signé le contrat d’édition de Nous deviendrons l'ouragan 🦋 chez Big Bang pour une publication en 2026 🥳
Mais d’abord, je dois écrire ce roman.
Bilan écriture du mois de février
Ahhhh le plan de Nous deviendrons l'ouragan 🦋 n’a pas été de la tarte non plus. Je l’ai écrit une première fois en novembre, retravaillé entièrement en janvier pour finalement tout jeter et recommencer en février. Quelque part, je fais des phases de réécriture avant l’écriture !
En fait, Nous deviendrons l'ouragan 🦋, comme chaque histoire, peut être raconté de mille façons. La question n’est pas de savoir quelle est la meilleure, mais quelle est celle que l’on veut raconter.
Et puis, des fois, réfléchir sur le plan, sur l’univers ou les personnages, permet d’avoir un petit moment Eureka :
D’ailleurs, fin février, j’ai pour la première fois dessiné des personnages de Nous deviendrons l'ouragan 🦋 : au-delà de me donner des idées, cela me force à visualiser leur style, leur attitude et les petits détails qui les rendent uniques. Je vous montrerai ces dessins peut-être dans une prochaine lettre.
Le truc aussi avec ce mois de février, c’est que j’ai eu beaucoup de moments de stress et de fatigue, donc la tentation de dessiner pour ne pas écrire s’est faite grande :
Il y a, pour moi, un côté rassurant à travailler encore et encore sur mon plan. Tant que je suis dessus, je n’écris pas “vraiment” donc je ne peux pas échouer. C’est ce qui m’a fait planifier la saga Absolu pendant plus de deux ans et ce qui me fait traîner les pieds avec Nous deviendrons l'ouragan 🦋. Mais je ne suis plus la même personne qu’en 2019. Je sais qu’écrire un roman, c’est long et fastidieux, mais je l’ai déjà fait trois fois. Alors je m’autorise du repos, mais je me force aussi parfois à m’y mettre.
Et ça fonctionne.
Le problème quand on a fini le plan, c’est qu’après, il faut se lancer.
Comme vous pouvez le constater, j’étais un peu en panique sur les chiffres ahah.
D’ailleurs, j’ai hésité à écrire du jet 0, comme ce que j’ai fait pour Absolu, mais finalement, j’ai décidé de me lancer directement dans le premier jet pour voir si je m’en sortais comme ça. Et franchement, ce premier jet démarre bien ! À l’heure où je vous écris, j’ai dépassé les 20 000 premiers mots et si tout est loin d’être parfait, ça avance et c’est le principal.
Ah et je suis revenue à la raison pour mon objectif quotidien :
Et nous, on se retrouve en avril pour la prochaine lettre.
Bises.
Tu as envie de me soutenir dans la création de mes romans (garantie found family et traumas) ? Ne buvant pas de café, mon inspiration carbure au matcha. J’en bois une fois par jour, deux quand j’écris un chapitre particulièrement traumatisant.
Donc, si tu veux financer tes futures larmes et mon addiction au matcha, j’en serais plus que reconnaissante. Mes personnages, eux, ne te remercieront pas par contre.
Par exemple, Zuzanna veut dire Lys. CQFD.
Petite pensée pour Lily-Belle à qui j’ai sorti une fois “Y a pas à cinq qui été” pour “Les voyages forment la jeunesse”. Je n’ai jamais dit que tous mes titres étaient bons ahah.
Encore plus quand, quelques mois plus tard, une romance YA est sortie avec ce titre.
Sachez que je l’aimais beaucoup ce petit “Et” : déjà pour la rythmique qu’il créait, mais aussi pour son sens : comme si le titre était la fin d’une phrase, une conséquence.
"Nous deviendrons l'ouragan" a quelque chose de très poétique ! Mais c'est vrai qu'on a tellement l'habitude de se projeter dans le futur, qu'on oublie que pour ça, il faut faire un pas à la fois.
Bon courage et des bonnes ondes pour l'écriture du premier jet ! 🌸
Un titre, c’est tellement important. C’est un peu la phrase zéro du livre, celle qui pose le ton, l’atmosphère. Les éditeurs veulent s’arroger le choix du titre ; les auteurs devraient toujours garder la possibilité de le choisir. Dans le meilleur des cas, on le choisit « d’un commun accord ». Mais le dernier mot devrait toujours revenir à l’auteur. Pour mon premier roman, j’ai cédé à la pression de mon éditeur (Robert Laffont), qui trouvait mon titre trop compliqué (« Miles Christi ») et l’a changé pour un titre insipide, passe-partout : « Les Chevaliers du Royaume ». (Genre, si j’avais fait un western ils l’auraient appelé « les cowboys du far-west » et si j’avais fait un roman de SF ils l’auraient appelé « les astronautes de l’espace »). J’ai haï ce titre et je le hais toujours. J’ai réussi à négocier avec Pocket (merci à eux) un autre titre lors du passage en poche (« Le cœur de la croix »), mais je continue d’avoir honte des « chevaliers du royaume », alors que j’aime mon livre. Auteurs, autrices, ne faites pas comme moi : défendez votre titre jusqu’au bout ! Défendez votre œuvre ! L’éditeur, lui, passera rapidement à autre chose. Alors qu’un titre pourri vous suivra partout, comme un vieux chewing gum collé à votre semelle.